Quand Burton emmène Alice au pays des Merveilles et nous laisse sur le bord de la route.

Publié le par Meltin-Potes

 

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Pour vous mettre au parfum, voici une petite discussion entre une mère et son jeune fils. Vous retrouverez l'original au rayon frustration de la bibliothèque plussoyante.

 

- Mon chéri, si tu veux le week-end prochain on ira à Disneyland, papa est de retour, il faut fêter ça!

 

- C'est vrai ?! Génial ! Merci ! Merci ! Merci ! Je t'aime maman ! 


Une semaine passe, le petit garçon n'a cessé de rêver à cette journée, à ses personnages, à ses châteaux et aux animations, à la grande parade et aux attractions toutes plus folles les unes que les autres. C'est un gentil garçon, reconnaissant, qui a d'autant plus travaillé ces derniers jours qu'il connaissait et attendait sa

récompense. Vendredi soir, le sommeil ne vient pas, son entrée est obstruée par toutes ces créatures: les dragons, les fées, les rivières enchantées. Puis il finit par s'endormir, apaisé et déjà plongé dans les tunnels de Space Mountain.

 

Mais le matin, personne ne vînt le réveiller. Il sorti de son lit en courant et fonça dans le salon où il trouva sa mère entrain de lire le journal.

 

- Maman, Maman, il est déjà 10h ! Il faut qu'on y aille ! 

 

- Qu'on aille où mon chéri ?

 

- Ben, à Disneyland !

 

- Ah, j'ai oublié de te dire, ton père a du retard, je dois aller le chercher à l'aéroport, ça sera pour la prochaine fois… Viens prendre ton petit-déjeuner.

 

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Quand Tim Burton a la recette…

 

  

   Quand on s'attaque à un monument tel qu'Alice au pays des merveilles (Lewis Carroll), vouloir porter directement l'écrit à l'écran, est à mon humble avis, du simple et pur suicide. Massacre qui a été largement confirmé par les adaptations d'oeuvres littéraires classiques telle que Madame Bovary, faites par Hollywood, qui ont été de cuisants échecs. Confirmant par ailleurs l'idée qu'un film ne doit pas seulement être doté de moyens esthétiques. Les réalisateurs qui n'ont pas fais figure de païens à l'égard de la littérature sont ceux qui on su repenser le texte avec leurs propres idées, qui ont su s'en inspirer sans se faire absorber. Le but étant de garder l'esprit, le respect de la structure, après tout importe peu si la nouvelle est agréable à l'oeil à l'esprit et à l'ouïe. C'est le cas, entre autres de Renoir avec Madame Bovary  ou Une partie de campagne

 

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   Cela, Tim l'a bien compris et il en a les moyens, l'imagination, après l'avoir entraînée en écumant toutes les salles sombres de sa banlieue mornoyante, il l'a, le don et l'expérience aussi. En projetant Alice (Mia Wasikowska, je donne son nom pour la forme, parce que dans le fond… elle y est, sa prestation nous en a donné la confirmation), 13 ans en avant, notre petit génie de Burbank a trouvé la feinte ou encore la voie de la liberté. Il ne lui restait plus qu'à prendre son envol comme il sait si bien le faire, nous émerveiller en recréant un univers fantastique assaisonné d'une vinaigrette burtonienne et servis dans une marmite gothique. 


 

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…Et les ingrédients,...

 


   Il n'avait plus qu'à enlever des personnages, en rajouter d'autres et en garder certains. Il n'avait plus qu'à prendre une Alice plus vieille. Il n'avait plus qu'à nous livrer aux yeux des décors aussi enchanteurs que ceux qu'il sait nous donner. Il n'avait plus qu'à… Et c'est ce qu'il a fais ! Tout est là, sauf la magie. En effet, quoi de plus burtonien que ce film aux décors gothiques, les buissons taillés, le château, et cette multitude, au point de devenir lourdes, d'auto-citations: le père mort trop tôt d'Edward aux mains d'argent, les grosses tête et la soif de destruction de Mars Attacks, le cavalier inquiétant de Sleepy Hollow, et tant d'autres coups de crayons physiques et moraux propres au réalisateur: des personnages incompris, reclus, qui ne veulent pas faire partie de ceux qui acceptent machinalement les conventions (le chapelier fou (Johnny Depp),…) et qui nous rappellent l'enfance du réalisateur passée dans sa banlieue ou encore les personnages principaux de ses anciens films: Edward, Mr jack (L'étrange Noël de Mr Jack), Wonka (Charlie et la chocolaterie), n°9. Tous les éléments qui ont constitué la magie de ses anciens films ont beau être présents, l'alchimie ne se fait pas aussi bien. Pourquoi ce ratage ? Pour quelle raison cette fois Tim a-t-il oublié de nous emmener avec lui? 


 

                  mars

 

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                  Numéro-9

 

 

…Comment fait-il pour rater le plat ? 

 

  

   Comme le souligne l'article du Ciné-club de Caen, les personnages d'Alice au pays des merveilles sont avant tout des individus en quête d'identité, mais cela ne doit en rien justifier la médiocrité avec laquelle ils ont été peints. Je vais citer l'article, c'est le meilleur moyen d'illustrer la masturbation intellectuelle à deux-francs-six-sous dont peuvent faire preuve certains caennais pour soutenir coût-que-coûte un réalisateur vis-à-vis duquel ils ne peuvent faire preuve de la moindre objectivité: le film de Burton "n'est plus une suite de rencontres où prédominent le non-sens mais un monde farfelu où les êtres marginaux parviennent à se trouver une identité".

 

   C'est en réfléchissant de cette manière que l'on justifie des personnages auxquels le spectateur ne peut s'identifier. On est pas là pour assister à une psychanalyse. Certes, la question qui est de savoir si la jeune fille à la tignasse blonde qui vient d'arriver dans ce monde aux champignons roses gros comme des maisons est bien la vraie Alice revient à plusieurs reprises et elle est une invitation à suivre le parcours de la jeune fille, à la voir évoluer, mais elle n'est qu'une invitation, comme si une fois sur place on vous laissait dans un coin siroter votre cocktail.

 

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   À ma droite deux enfants discutaient, à ma gauche un octogénaire ronflait, quant à moi je pensais au dialogue que j'allais écrire en introduction de mon article. Farfelus, les personnages et l'univers doivent l'être pour être en accord avec l'esprit de la version de Lewis Carroll (attention mauvais esprits, je ne suis pas entrain de prendre le parti du respect coûte-que-coûte du livre initial, mais celui, et c'est essentiel, de la fidélité à la magie qu'il existe dans le texte premier), mais ils doivent aussi ouvrir des portes au spectateur, constituer une invitation et surtout un accompagnement au voyage.

 

 


La morale du conte


 

   Le Ciné-Club de Caen lui aussi ouvre des portes, et tout particulièrement aux artistes excentriques qui n'ont que faire de leur publique, ces gens là ne font pas du cinéma. Le spectateur doit pouvoir vivre quelque chose avec les personnages qu'il voit dans les salles sombres, car ces premiers aussi sont différents et étranges, ils sont des gens bien et sont donc dans un sens, comme le disait le père d'Alice à sa fille, un peu fou. Ce n'est pas une initiative en soi honorable que de peindre des individus excentriques, la finesse c'est aussi de pouvoir leur accorder une certaine normalité, comme aux gens normaux, un peu de folie. C'est entre ces deux extrêmes que le cinéma devient partage. 

 

   Tim Burton s'est fais prendre à son propre jeu, à force de parler de lui-même, il en a oublié de parler aux autres. Les décors c'est beau, la 3D c'est cool, mais les personnages, aussi décentrés soient-ils demandent une attention toute particulière. Et comme le montre ce film, il ne faut pas les oublier ou alors tout ce qui les entoure est vain. La version de 1951, que j'ai revu aussitôt après l'ennuyeuse session Burton et qui m'a largement réconforté, montre bien que même sous un regard avide de haute-définition et de 3D, une image raffinée ne suffit pas à capter l'attention du spectateur, et que des décors beaucoup plus rudimentaires, peuvent tout autant voir encore plus, faire leur effet. 

 

   Salut les copains moi je vais écouter Big Echo de The Morning Benders, que j'ai trouvé 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jimbow ont the rocks. Gros bisous à DD (Dear Duck), à qui je viens de soulever sa robe jaune. 

 

 

 


 

Publié dans Cinéma

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